Procès des journalistes du Groupe Ma-LAZA : L’affaire reportée au 15 avril
L’affaire opposant Mr Arlan Ramialison aux journaux Ma-LAZA et Zay Zany n’a pas été jugée hier. Le procès est renvoyé au 15 avril 2016. Ce n’est que partie remise pour la recherche de la vérité. Retour sur une matinée, comme les autres, à la salle 3 du Tribunal d’Anosy. Comme si vous y étiez.
Ambiance indescriptible dans la salle 3 de la Cour de Justice d’Anosy. Entre un père de famille, un jeune diplômé et un groupe de journalistes à l’affût, il faut admettre qu’ici, avant que les choses sérieuses ne commencent, les conversations se font sans passion visible, mais empreintes d’émotions. 8H. Après la ruée à la porte principale réaménagée, pour filtrer les entrées et les sorties, tout le monde attend derrière une grande porte fermée par un seul cadenas… Petite bousculade pour pouvoir entrer les premiers dans cette salle de 24 bancs. Des agents de sécurité balèzes arrivent, roulant de la mécanique. « On ouvre, mais ceux qui attendent la lecture des verdicts en délibéré entrent. Ceux qui sont pour un procès restent encore dehors ! »… Nouvelle attente. Dans la salle, il fait terriblement chaud. Nouveaux espoirs pour ces nombreux justiciables en quête d’un jugement en leur faveur. « Ici, les verdicts sont toujours en délibéré », confie un quinquagénaire, habitué des lieux ? Non. Il est à son deuxième renvoi.
Au palais de Justice, plaignants ou accusés, armez-vous de patience ! 8H, c’est 9H. Et cela peut être aussi 10H… Finalement, première victoire commune : tout le monde peut prendre place. Les courageux devant, les indécis derrière. On ne parle pas. On ne fume pas. Photos et caméras interdites. Portables éteints. Comme il y a toujours des exceptions qui confirment la règle : l’exception s’appelle avocats. Ils seront, plus tard, remis à l’ordre par la présidente du Tribunal, ferme derrière ses lunettes blanches, mais empreinte d’autorité n’était-ce l’intonation de sa voix aussi radiophonique que grave. Les bébés n’ont pas, ici, leur place. Il faut les emmener rapidement, doucement, dehors. Ici, on ne badine pas avec l’innocence. Un garde pénitencier, de son côté, en remet une couche, en obligeant quelques détenus à garder leurs menottes. Nouvelle attente.
Un agent, avec badge, arrive presque en courant, entre ses bras une pile de dossiers qu’il pose doucement devant lui. Les avocats prennent place. Un va-et-vient à la limite de l’agaçant pour une assistance sous pression. Mais c’est leur travail. Leur profession. Ils savent presque d’avance ce qui va se passer. Jugements en délibéré. Décision de renvoi. Procès lorsqu’un dossier est dit « en l’état ». Les greffiers arrivent. Quelques minutes après. La présidente du Tribunal et le Procureur… Mine grave. Air sérieux. Silence dans la salle. Il est 09H55.
C’est le quotidien du justiciable qui est étalé. Accidents de voiture. Maison d’assurance. Chèques sans provision. Escroqueries… Peu d’emprisonnements fermes. Beaucoup de sursitaires. La salle 3 puise dans les « ady madio ». Pas de grands crimes, ce jour-là. Mais Dieu ! Que de renvois. Au moins, 5 affaires sont remises aux calendes grecques, mais, au besoin, de compléments de renseignements à la diligence de la défense.
Effervescence dans le vestibule d’entrée, en attendant. Une horde de journalistes attend avec impatience la suite du programme. Le procès opposant trois journalistes des quotidiens Ma-LAZA et Zay Zany est leur programme du jour, décidé en ConfRed. A la bonne heure ! Quelle curée en perspective ! Les faits divers ont leur Une. « Il est là, Ramiliason Arlan, le plaignant », confie un cameraman, dans tous ses états, prêt à déclencher sa caméra… Petite déception.
Dans la salle et à la barre, l’avocat des trois journalistes demande au Tribunal de renvoyer le procès pour complément de dossier en faveur des accusés. Le ministère public marque son accord. L’avocat du plaignant et le plaignant, intervenant, presque à la surprise de la cour, exigent le maintien du procès. L’avocat de la défense réagit avec calme pour justifier sa demande. « Parlez plus fort Maître » invite la Présidente du Tribunal.
10H20. Toute l’attention des avocats, rassemblés devant, est captivée par cet échange impromptu… On sent le désaccord entre les deux parties. On sent un autre enjeu au-delà du visible. La présidente du Tribunal tranche : affaire renvoyée après Pâques. 15 Avril, la résurrection du dossier. C’est la Justice qui parle. Elle décide. Elle crée l’émotion. Elle veut qu’on la laisse faire en toute indépendance…
Tenez, une affaire de vol est renvoyée. Le jeune homme accusé, demandant une liberté provisoire. Demande refusée. Larmes écrasées… A chacun son destin. Vous arrivez. Vous repartez. Vous avez perdu votre procès. « Vous disposez de 10 jours pour faire appel », rassure, cependant, la Cour. Ce n’est que partie remise. Décision habituelle et normale en ces lieux. Les journalistes, eux, étaient restés sur leur faim. Mais ils sont toujours à l’affût de quelque gibier à mettre sous les dents en cette matinée dans la salle 3.
Circulez, passez, il n’y a rien à voir pour cette mi-carême. Du moins, pour quelques affaires dont le procès de ces trois collègues accusés de diffamation et de fausse information. Ils feront encore un bout de chemin de croix… 1OH35. Ils quittent les lieux n’échappant pas aux crépitements de flash et aux questions des journalistes. Comme prévu.
Cela, c’est Anosy. C’est, côté cour, côté jardin, vous aurez une autre vue : Singapour…
A.R
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