Un mois pour rapatrier les devises : “Une mesure anti-économique”, selon Hugues Rajaonson
Si le délai de rapatriement de devises était de 90 jours, il est ramené à 30 jours, conformément à l’arrêté N°25397/ 2015-MFB/SG/ DGT/DOF/ SSOC du 7 août 2015 du Ministère des Finances et du Budget de Madagascar. L’économiste Hugues Rajaonson qualifie cette mesure « d’antiécono-mique ».
Il y est stipulé que «Tout exportateur de marchandises et tout prestataire de service régis par le droit commun doivent céder 100% de leurs recettes d’exportation. La cession de ces devises doit être effectuée sur le marché des changes dès rapatriement sans excéder un délai de 30 jours».
L’Etat devrait plutôt instaurer des mesures incitatives, a-t-il indiqué sur les ondes d’une radio privée. Le commerce international est assez complexe et le délai de 30 jours est estimé trop court. Généralement, les marchandises à exporter sont expédiées par voie maritime. Or, il se peut que le navire ne rejoigne pas directement le pays de destination, mais passe par d’autres pays. Une fois à destination, des contrôles sont effectués pour s’assurer de la conformité des marchandises à la commande passée. Le paiement se fait, ensuite, par des opérations bancaires qui requièrent également des formalités. Ainsi, il est difficile pour les exportateurs de céder la totalité de leurs recettes d’exportation en seulement un mois.
Par la même occasion, cela nuit à l’activité d’exportation. Des exportateurs peuvent refuser des commandes, de crainte de ne pouvoir respecter le délai imparti pour la cession de devises. A noter que les opérateurs qui reçoivent des transactions de plus de 10.000 USD, par exemple, auprès de leurs banques subissent une sorte d’interrogatoire permettant de définir clairement l’origine de cette somme.
Au cas où l’Etat manque de réserve de devises, il ne doit pas pour autant contraindre les opérateurs à céder leurs recettes d’exportation en un temps aussi bref. Si les réserves en devises de l’Etat s’amenuisent, c’est notamment lié aux multiples voyages des dirigeants à l’étranger. Ces réserves doivent surtout être utilisées à l’achat de carburant, aux remboursements des dettes de l’Etat…
Loi de Finances Rectificative
Hugues Rajaonson estime que la Loi de Finances Rectificative n’est plus nécessaire. Pour soutenir ses propos, il avance que l’Etat ne devrait pas acheter des V8 pour les députés. De surcroît, il n’y a ni nouvelles recettes de l’Etat, ni nouvelles promesses des bailleurs… « Il est vrai que la Loi de Finances Initiale n’est pas parfaite, mais la LFR n’est pas non plus utile », a-t-il conclu.
C.R
