Un pas en avant et deux pas en arrière. C’est le ressenti global de nombreux observateurs quant à l’agissement de l’Etat. En annonçant la tenue d’une prochaine rencontre avec le secteur privé le 31 mai dernier, le président de la République a fait un pas en avant. Mais en reportant à deux reprises ladite rencontre, il a fait deux pas en arrière.
«L’industrie à Madagascar est à genou et les opérateurs économiques malgaches se sentent abandonnés». C’est en ces termes que Hassim Amiraly, Président du Syndicat des Industries de Madagascar s’est exprimé lors de l’émission Telegrama organisée par Friedrich Ebert Stiftung en livrant sa perception des industries malgaches face à la crise. Effectivement, dans le contexte actuel, bon nombre d’opérateurs estiment que le secteur privé est relayé au second plan alors qu’il est disposé à dialoguer avec l’Etat pour trouver ensemble des mesures d’urgence face aux impacts de la crise sanitaire et économique qui les met à genou.
Lors de son allocution du 31 mai dernier, le président de la République Andry Rajoelina avait annoncé l’élaboration d’un plan d’urgence multisectoriel et la tenue d’une rencontre avec le secteur privé. Prévue se tenir le jeudi 11 Juin, tel qu’annoncé deux jours plus tôt par Richard Randriamandrato, ministre de l’Economie et des Finances, la rencontre a été reportée le vendredi 12 Juin pour finalement être prévue la semaine prochaine.
“Nous espérons que la rencontre sera finalement maintenue la semaine prochaine. Plus il y a de report, plus les difficultés des entreprises s’aggravent » confie pour sa part Andrianavalomanana Razafiarison, Président du groupement du patronat malagasy Fivmpama. Il s’attend à ce que des mesures soient prises en vue de faciliter l’accès au crédit à des taux d’intérêts réduits. Sans trésorerie, les opérateurs ne sont plus capables de payer les impôts et taxes et des mesures devraient donc être prises dans ce sens.
«Nous n’attendons plus rien du discours qui sera prononcé par le président de le république demain. L’Etat ne se soucie guère du secteur privé qui alimente pourtant les caisses publiques. Nous allons finir par basculer dans l’informel car les employés de ce secteur eux, ont bénéficié du soutien de l’Etat » regrette un chef d’entreprise. Selon lui, la sau-
vegarde des emplois devrait être priorisée.
Nombreux sont ceux qui s’attendaient à ce que des résolutions émergeant de la fameuse rencontre soient prises en compte dans le projet de Loi de Finances Rectificatives et l’élaboration du Plan Multisectoriel d’Urgence. Un autre président de groupement craint que la rencontre prévue se tenir la semaine prochaine ne soit plus qu’un dialogue de sourd, la charrue ayant été mise avant les bœufs, de son avis. «Je crains que la rencontre ne soit plus qu’une séance d’information où on nous présentera des mesures prises unilatéralement» déplore notre interlocuteur.
Quoiqu’il en soit dans son dernier discours, le locataire d’Iavoloha s’est engagé à se pencher sur les difficultés auxquelles est confronté le secteur privé. Que déclarera-t-il dans son intervention de demain? Wait and see !
Claudia R.
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