Secteur privé CNaPS : les aides financières doivent être remboursées

Les travailleurs regroupés au sein de l’Union des Syndicalistes Autonomes de Madagascar (USAM) et du mouvement Syndicalisme et Vie de Société (SVS) persistent sur la nécessité d’allouer une aide non remboursable aux travailleurs dont les activités sont compromises par la crise sanitaire. Tout autant pour l’Etat qui soutient qu’un prêt de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNaPS) doit être remboursé.

L’équipe de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNaPS) s’est donné rendez-vous au siège de la CNaPS d’Ampefiloha vendredi dernier dès 07 heures, a fait savoir le directeur de la communication Alain Ratsimbaharison qui avait conduit cette délégation pour cette occasion. «Nous sommes présents sur les lieux aujourd’hui pour accueillir les syndicalistes qui ont prévu de déposer leur pétition. Mais ils ne sont pas venus », a-t-il indiqué aux journalistes présents sur place.
Les syndicalistes martèlent que la CNaPS est bien en mesure d’allouer une aide financière non remboursable aux travailleurs, grâce aux intérêts qu’elle perçoit à travers les placements de fonds qu’elle a réalisés. « Toutefois, il importe de souligner que la sécurité sociale de la CNaPS suit le modèle Bismarckien, c’est-à-dire « un système par répartition ». Ce sont les employeurs et les travailleurs actifs actuels qui cotisent pour régler les prestations familiales, les rentes en cas d’accident de travail et maladies professionnelles ainsi que les pensions de vieillesse » a expliqué le DirCom.
Le cas de la dénommée Mamie Rasoa a été cité en exemple pour mieux expliquer le système. Agée aujourd’hui de 79 ans, Mamie Rasoa a travaillé au sein d’une entreprise privée de la capitale. Retraitée depuis 2001, cela fait 19 ans qu’elle perçoit une pension de retraite auprès de la CNaPS. Selon une étude actuarielle des pensions des employés du régime général, le «délai de récupération» est de 4,8 années. Autrement dit, si Mamie Rasoa est partie à la retraite à l’âge de 60 ans, les cotisations qu’elle a versées à la Caisse ont été épuisées au moment de son 65ème anniversaire. «Elle a plus retiré du régime qu’elle n’y a contribué ». C’est grâce aux intérêts perçus au placement des fonds que la CNaPS a pu payer les pensions de vieillesse de Mamie Rasoa jusqu’à ce jour.
Pour le régime agricole et celui de l’enseignement, ce délai de récupération est de 2,8 années. L’on estime que l’espérance de vie au départ de retraite est de 14 ans pour les hommes, et de 19 ans pour les femmes. « Donc si on débourse de l’aide gratuitement aux employés du secteur privé suivant la revendication des syndicalistes de l’USAM, plusieurs autres retraités vont perdre leur droit et bon nombre de travailleurs n’auront plus un avenir meilleur parce que les intérêts serviront à payer les pensions de vieillesse. Si chaque travailleur veut tirer son propre intérêt, que vont devenir les personnes âgées?… », s’interrogent des responsables de la CNaPS.
Pérennité…
L’Etat malgache a ainsi déclaré que les subventions allouées au secteur privé doivent être remboursées pour assurer la sécurité sociale de la population et afin que chaque citoyen jouisse d’une retraite pérenne. Une telle méthode est adoptée par plusieurs pays d’Afrique pour le bien du peuple, notamment en Mauritanie, au Ghana, au Kenya, au Liban, au Mali, au Maroc, au Rwanda, ou encore à Maurice …
La CNaPS et son Directeur Général Mamy Rakotondraibe sont conscients que les entreprises privées traversent une crise sanitaire et économique. Il a été mentionné que de mars 2020 à ce jour, plusieurs employeurs ne se sont pas acquittés de leurs obligations. Peu d’entre eux ont effectué leurs Déclarations Nominatives de Salaires (DNS) et rares sont ceux qui ont versé leurs cotisations. Néanmoins, durant ces 6 mois de crise, tous les affiliés ont joui de leurs droits (allocations familiales, allocations prénatales, rentes pour les victimes d’accidents de travail). Les retraités eux, ont toujours perçu leurs pensions de retraite, conformément au slogan de la CNaPS : « les adhérents au centre de nos préoccupations ». Ainsi, «les aides financières au secteur privé doivent être remboursées non pas aux agents et dirigeants de la CNaPS, mais dans l’intérêt des membres parce que la sécurité sociale repose sur la solidarité nationale et la cohésion sociale », selon les précisions apportées.

Claudia R.

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