Secteur privé : Lettre ouverte au Président de la République

Tombé à genoux en raison de la crise sanitaire, le secteur privé peine à se relever. Les différents groupements et syndicats tirent la sonnette d’alarme et en font part dans une lettre ouverte au Président de la République.

L’heure est grave. «Le secteur privé est parfaitement conscient du caractère exceptionnel de cette crise mondiale que nous traversons ainsi que des efforts continus du gouvernement pour préserver la population. Cependant, l’absence de visibilité et de stratégie claire de sortie de crise pénalise dramatiquement l’ensemble de l’économie et pèse lourd aux emplois ». C’est l’essentiel de la lettre ouverte des groupements et syndicats professionnels du secteur privé à Madagascar, adressée au Président Andry Rajoelina.
Le secteur privé plaide pour une réelle une stratégie de sortie de crise et sollicite un dialogue public-privé en urgence avec le président de la République afin que ladite stratégie s’accorde bien aux réalités économiques et sociales du pays. Les groupements et syndicats professionnels du secteur privé insistent sur le fait que « notre économie a besoin de visibilité et d’un calendrier pour que les entreprises et les employés puissent se projeter et reprendre leurs activités et leurs investissements, gages du développement durable ».
Ils font également part de leur «constat dramatique après 16 mois de crise qui perdure». Les revenus du secteur privé ont régressé de 44% en moyenne par rapport à l’année 2019, et de 90% pour l’industrie du voyage. Bon nombre d’employeurs n’ont d’autres choix que de procéder à des licenciements économiques ou des mises au chômage technique. Selon la Banque Mondiale, 1,4 million de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté. La fermeture des frontières du pays depuis presque un an et demi a impacté l’ensemble des échanges économiques. Au-delà des ménages, le contexte de crise sanitaire a également freiné les investissements privés de toutes tailles, faute de visibilité économique.
Parallèlement aux baisses de revenus, les charges obligatoires des entreprises s’alourdissent entre le cumul des impôts et taxes, des remboursements de crédit contractés pour faire face à la crise, des charges sociales et des dettes de fournisseurs. Presque toutes les entreprises rencontrent des problèmes de trésorerie et de défauts de paiement. «Même les fonds qui nous permettaient d’assurer un redémarrage de nos activités restent aujourd’hui un point d’interrogation. Nous attirons l’attention sur le fait que les entreprises du BTP attendent toujours la régularisation des impayés de l’Etat qui s’élèvent à 60 milliards d’Ariary », indique le secteur privé.
L’absence de plan de sauvegarde pour l’emploi et l’anéantissement des compétences dans certains secteurs comme le tourisme-hôtellerie où le personnel est contraint de se reconvertir ne permettront pas un redressement rapide de la situation, selon le constat du secteur privé.

Recueillis par Claudia R.

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