SIM : Le secteur industriel est à genoux

Les impacts de la pandémie persistent. Même si les activités économiques reprennent, la demande n’est pas au rendez-vous. De surcroit, les produits alimentaires de base sont encore importés. L’industrialisation permettra de réajuster l’économie vers la production locale des les besoins. Le président du Syndicat des Industries de Madagascar Hassim Amiraly a bien voulu s’exprimer sur ce sujet lors d’une interview accordée à la rédaction.

– Ma-LAZA : Comment se porte actuellement le secteur de l’industrie ?
Hassim Amiraly : Je dirai que le secteur industriel est à genou. Si nous avons vécu une crise sanitaire, cette crise est désormais devenue une crise économique. Malgré la reprise des activités, les industries ne fonctionnent pas encore à plein régime. Cela prendra du temps. La reprise économique dépend également des consommateurs. Or, les consommateurs sont en difficulté financière et ils ont épuisé leur économie. Ils font aussi attention aux dépenses, l’avenir étant incertain. Même si nous produisons, les acheteurs ne sont pas encore au rendez-vous.
Il faut savoir que 80 à 85% des produits de première nécessité sont importés. Nous importions du sucre, de l’huile, du blé. Madagascar importe plus de 200.000 tonnes de maïs ! Ce n’est pas normal que l’agro-alimentaire dépende de l’extérieur. Avec la hausse des coûts des transports aériens et maritimes et la hausse de l’Euro, nous serons les premières victimes. Néanmoins, « à chaque chose malheur est bon ». Cette pandémie devrait nous amenait à réfléchir sur la politique industrielle à mettre en place, afin de parvenir à une auto-suffisance alimentaire. Nous avons des terres fertiles et de la main-d’œuvre suffisante. Tout cela fait réfléchir et il faut se donner la main.

-Ma-LAZA : Pensez-vous que le report des échéances fiscales prévues dans le Plan Multisectoriel d’Urgence PMDU permettra aux industries de se relever ?
-Hassim Amiraly : Pour courir il faut être en bonne santé, et nous n’avons pas une bonne santé financière. Déjà, nous avons du mal à redémarrer. Reporter le paiement des charges fiscales est un poids en plus. Est-ce qu’on parviendra à payer ? Il ne faut pas que cela pénalise les industriels. Je comprends que l’Etat ait aussi besoin d’argent mais un consensus doit être trouvé puisqu’il ne faut pas se tromper de combat. Il faudrait soit une amnistie fiscale, soit fractionner en quatre ou cinq les charges fiscales de l’année 2020 et échelonner le paiement sur une période de cinq ans.
Face à l’évolution du coronavirus, une grande prudence est de mise. Rien ne sert de courir. Quand on voit la France avec 17.000 à 20.000 nouveaux cas par jour, cela fait réfléchir, cela fait peur. Il faut être prudent et se préparer à une éventuelle deuxième vague de la pandémie.

-Ma-LAZA : Comment réagissez-vous par rapport à la fermeture de l’usine AAA à Andranomanelatra et la récente démolition de l’usine du groupe Tiko dans l’enceinte du port de Toamasina ?
– Hassim Amiraly : AAA est membre du SIM. Le Syndicat des Industries de Madagascar entreprend des démarches au niveau de l’Etat pour comprendre le problème entre les deux parties et aider à un dialogue qui aboutira à un consensus. Nous jouons en quelque sorte le rôle de « réconciliateur ». Nous facilitons le dialogue et c’est à eux de trouver la solution. Notre ambition c’est de pouvoir dialoguer, se concerter et rendre tout positif.

-Ma-LAZA : Auriez-vous un message à passer en particulier ?
-Hassim Amiraly : Continuons à dialoguer, continuons à nous pencher sur les vrais problèmes. Il y a des faces cachées de cette crise que nous allons découvrir au fur et à mesure. Ne baissons pas les bras !

Propos recueillis par Claudia R.

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