Situation des travailleurs : La SEKRIMA interpelle l’Etat

«Very fanahy mbola velona », cette expression, utilisée par Rémi Henri Botoudi, Secrétaire Général de la Confédération Chrétienne des Syndicats Malgaches SEKRIMA (Sendika Kristianina Malagasy) et non moins coordonnateur général de la Conférence des Travailleurs de Madagascar (CTM) traduit parfaitement l’état dans laquelle les employés du secteur privé se trouvent actuellement, «désemparés».
Le plan de mitigation tant attendu par le secteur privé pour permettre de sauvegarder les emplois ne sera pas mis en œuvre, du moins, en ce mois de Mai qui prendra fin d’ici 3 jours. Face à une telle situation, la SEKRIMA interpelle l’Etat sur les problèmes relatifs au salaire, lesquels constituent la préoccupation majeure des employés du privé en ce moment. « Seront-ils payés ce mois-ci, sachant que la trésorerie des entreprises s’amenuise si elle n’est pas déjà à sec pour les unes ?… Tel que nous l’avions souligné à maintes reprises, ces travailleurs ont pourtant des charges fixes à payer (loyers, transports, nourritures, Jirama, écolages…). La situation est telle qu’une paupérisation de la population est à craindre ».
Plusieurs travailleurs sont actuellement au chômage technique, et d’autres ont vu leur contrat résilié. Mais il arrive que les plus jeunes soient rappelés, par la suite, par leurs employeurs pour devenir de simples employés contractuels ou temporaires. Des employés se plaignent également de devoir partir en congé forcé. « Des dialogues clairs et transparents doivent avoir lieu entre les employés et les employeurs », de l’avis de Rémi Henri Botoudi «afin d’éviter des mésententes ».
Une autre réalité a été dévoilée par Hajamanga Razafinirina, présidente de l’union régionale de la SEKRIMA Antananarivo : le changement d’enseigne des entreprises. « Lorsque des plaintes sont déposées à l’encontre d’une entreprise donnée, les dirigeants s’empressent d’avancer que ce n’est plus l’identité de l’entreprise… L’idée est ainsi de se soustraire à leurs obligations ».
« Les travailleurs qui appartenaient, jusqu’ici, à la classe moyenne risquent de basculer progressivement dans la pauvreté extrême », indique Rémi Henri Botoudi. « Des mesures doivent être prises par l’Etat pour éviter que la situation ne s’envenime. Il y a un mois de cela, les groupements des employeurs et les syndicats des travailleurs avaient sollicité de l’Etat des mesures urgentes à travers notamment l’allocation d’une aide mensuelle de 50 milliards d’Ariary par mois en proposant un mécanisme utilisant les réseaux de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNaPS) présente au niveau national. Cette aide devrait être destinée aux travailleurs des entreprises dont les activités ont été affectées en raison des restrictions imposées par les autorités et celles dont les activités sont impactées par le brusque ralentissement et contraction de la demande sur le marché ».
Le SG du SEKRIMA et non moins coordonnateur de la Conférence des Travailleurs de Madagascar insiste sur l’importance du dialogue entre l’Etat et les partenaires pour protéger l’emploi et les revenus des salariés. « Il est plus que nécessaire de mettre en place un programme qui servira à atténuer les impacts de la crise sanitaire » s’insurge t-il.

Claudia R.

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