Transport par câble : Les contestations se multiplient

D’après le secrétariat d’Etat chargé des nouvelles villes et de l’habitat, les sondages font partie des études complémentaires obligatoires à l’installation des pylônes. L’entreprise Colas va poursuivre ces travaux de sondage sur les sites d’Ambohijatovo et d’Ankorondrano après celui d’Ambohidahy, entamés le 3 janvier dernier. Le secrétariat d’Etat précise sur sa page facebook que ces travaux ne constituent pas un début de chantier, mais plutôt « une analyse des sols, destinée à  tester leur résistance aux charges des infrastructures à installer ».
Polémiques sur fond de contestations
Le père Prosper Ratovomananarivo, un des responsables du collège Saint-Michel d’Amparibe, a annoncé mardi sa consternation vis-à-vis de la réalisation des travaux de sondage dans l’enceinte de ce collège de prestige catholique. «Nous avons le devoir de protéger ce patrimoine ! Ce projet de transport par câble n’était pas inscrit dans le plan initial de la modernisation urbaine », a-t-il soutenu dans son intervention sur une chaine de télévision. Il rallie, par conséquent, la cause des anciens élèves du collège qui exhortent à l’abandon de ces travaux réalisés dans l’enceinte du collège.
Contradictions
En réponse aux polémiques autour des sites où seront installés les pylônes de ce réseau, le secrétariat d’Etat chargé des nouvelles villes et de l’habitat souligne sur facebook que « des accords préalables avaient été conclus avec les propriétaires des sites privés, au terme d’enquêtes  commodo-incommodo réalisées en juin 2021 ».
Un argument réfuté en bloc par les responsables du collège Saint-Michel. Le recteur du collège avait soutenu lors d’une intervention sur les médias que les instances dirigeantes de l’église catholique, propriétaires du terrain du collège, n’avaient donné aucun feu vert à cette initiative. « Il n’y avait pas d’acceptation, mais plutôt un silence des instances supérieures », a-t-il soutenu.
La situation ira certainement loin, au niveau de l’église catholique. Ce projet va être inscrit dans l’ordre du jour de la réunion du bureau permanent de la conférence des évêques de Madagascar (CEM), a-t-on appris hier de source informée.
Les employés de Colas sont également venus faire des métrés dans une propriété privée à Ankorondrano. Les propriétaires n’ont aucunement donné leur approbation à cette société, et aucun préalable n’a été conclu.
Les Amis du Patrimoine de Madagascar : non au sacrilège 
Joint hier par la rédaction, Frédéric Rabesahala président de l’association «Amis du Patrimoine de Madagascar » a soutenu qu’une lettre visant à expliquer la décision de l’association sera adressée d’ici peu aux responsables du projet de transport par câble. D’après lui, l’association ne s’oppose pas pour autant au projet, mais demande, en revanche, que les patrimoines culturels et cultuels ainsi que les sites sacrés ne soient pas profanés par les travaux de construction. Par ailleurs, il a fait remarquer les craintes de l’association de l’éventualité de trouble social susceptible d’être engendré par ce projet.
Cette association avait été contactée par le directeur général de l’office national de l’environnement (ONE) la fin de l’année dernière. L’entretien a conforté les Amis du Patrimoine de Madagascar dans leur détermination de contester toute profanation de patrimoines sacrés de la capitale.
Et l’affaire Colas…
Par ailleurs, l’intégrité de l’entreprise Colas, en charge de la construction des infrastructures de ce projet est mise à mal par les sanctions que lui a infligées la Banque Mondiale pour cause de suspicion de corruption. Les commentaires ont fusé dans toute la sphère économico-politique. Sur les réseaux sociaux, certains avancent même la nécessité d’ouvrir une enquête.
Marc A.
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