Barack Obama : Un dernier test pour le Président malgache
Le Président Hery Rajaonarimampianina a quitté les Etats-Unis avec le sentiment d’avoir bien accompli sa mission. En ce moment, il est à Paris avec les membres de sa délégation. Les choses étaient claires : rallier les Etats-Unis, en particulier, et les grands organismes financiers à la cause malgache, n’était pas une mince affaire. Difficile. Mais il faut voir, entre les audiences, les signes de décrispation annonciateurs de normalisation. Banque mondiale, FMI, PNUD, Woodrow Wilson Center, Exxon Mobil, Secrétariat d’Etat américain adjoint aux affaires africaines…
Politiquement, Washington ne se presse pas. Il attend la formation du Gouvernement. Oui, le test final pour le nouveau Président de la République malgache, par rapport aux Etats-Unis, est la physionomie du Premier ministre et du nouveau gouvernement.
On sait que Washington est attentif au respect des droits de l’Homme (le régime de Transition a été saqué par le Congrès américain sur la question), à la libération des détenus politiques, au droit de l’Opposition, à la bonne gouvernance, à la lutte contre le trafic de bois de rose, à la liberté de presse et d’expression, à la réconciliation et à l’inclusivité. Washington veut qu’on termine les devoirs non finis, imposés par la feuille de route. Ajoutons à cela le dossier énorme de la lutte contre le terrorisme.
Fait majeur avant le départ du Président malgache pour rejoindre la capitale française, Barack Obama par le biais de Susan Rice, sa Conseillère Spéciale à la Sécurité Nationale, avait dépêché Grant Harris, son assistant personnel à l’hôtel où résidait le couple présidentiel. Une rencontre à huis clos, mais lourde de signification pour la santé des relations américano-malgaches. Que dire de cet entretien pour le moins impromptue?
– La Maison Blanche envoie un signal fort : « Mr le Président, c’est entendu, certes, on ne vous a pas attendu mais on vous a entendu ».
– Barack Obama a reçu, certainement, les rapports des différentes personnalités qui ont rencontré le Président malgache dont Linda Thomas Greenfield, Secrétaire d’Etat américain adjoint aux affaires africaines, SEMme Samantha Power, Ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations Unies. Comme il ne s’agissait pas d’une visite officielle, Barack Obama a utilisé un canal officiel pour s’adresser à son homologue malgache, ne pouvant pas le recevoir personnellement.
UN MESSAGE VALIDE PAR
LE PRESIDENT AMERICAIN
– Grant Harris était certainement porteur d’un «message » de Susan Rice. Ce « message », quelle que soit la teneur, ne pouvait qu’être validé par Barack Obama.
– La Maison Blanche avait officiellement inscrit dans son agenda des priorités le dossier Madagascar, ère Rajaonarimampianina. C’est, en quelque sorte, le résultat de l’examen de passage (dans les deux sens du mot) du Président Hery Rajaonarimampianina, admis dans la cour des grands depuis que Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations Unies l’a reçu en audience officiellement.
– On peut s’attendre à ce que la Maison Blanche inclut Hery Rajaonarimampianina dans la liste des Chefs d’Etat et de Gouvernement africains au fameux sommet Etats-Unis/ Afrique du mois d’Août prochain.
Barack Obama a suivi la crise à Madagascar. Lors de son premier mandat et, maintenant, avec son second et dernier mandat. Le gouvernement américain a voué aux gémonies la transition malgache. Et la manière peu cavalière dont les Etats-Unis ont été traités, alors que l’Amérique voulait faire de Madagascar un pays-phare dans l’Océan Indien. Elle a construit à Andranomena (Antananarivo) la plus grande et la plus moderne ambassade américaine de la Région.
La cassure fut brutale en 2009 avec la suspension du projet Millénium Challenge et l’éviction de Madagascar de l’AGOA. Les conséquences économiques sont désastreuses au niveau de l’emploi. Pire, les Etats-Unis avaient totalement considéré le régime transitoire comme un régime paria.
Le Département d’Etat est resté actif dans le domaine humanitaire et social. Les Américains avaient lâché le régime de transition. Mais Ils ne pouvaient pas lâcher les Malgaches. Ils ne lâcheront pas non plus Madagascar qui joue un rôle de premier plan dans la géostratégie au niveau de la sous-région. Notamment dans la lutte contre le terrorisme.
Les lobbyistes du Président Hery Rajaonarimampianiana ont abattu de la besogne. L’équipe diplomatique malgache aux Etats-Unis et aux Nations Unies n’a pas démérité. Elle s’est démenée pour que le voyage présidentiel soit réussi. Ce fut chose faite.
Mission accomplie et pliée pour Hery Rajaonarimampianina : see you, United States ! Bonjour, la France !
E.A