Cécité : 300.000 à 400.000 aveugles dans le pays, selon les estimations

Cécité : 300.000 à 400.000 aveugles dans le pays, selon les estimations

Les aveugles utilisent la canne blanche comme moyen de se repérer dans leur environnement spatial et de faciliter leur locomotion en évitant les obstacles. Cet objet est largement reconnu comme un symbole de la cécité chez les malvoyants afin que les personnes soient plus vigilantes à leur égard, ce qui n’est pas le cas dans la Grande île. La Journée mondiale de la canne blanche ayant  été célébrée le 15 Octobre dernier, Josoa Radafiniantsoa a bien voulu nous faire un témoignage.

Ma-LAZA : On célèbre aujourd’hui (ndlr : samedi dernier) la Journée mondiale de la canne blanche. Auriez-vous des statistiques des malvoyants de la Grande ile et qu’en est-il de la situation du port de canne blanche ?
Josoa R : Nous n’avons pas de statistiques officielles. Toutefois, selon les estimations, entre 1 et 2% de la population serait malvoyante soit près de 300.000 ou 400.000 individus. Bien qu’à Madagascar la loi 93-6363 du 12 Décembre 1993 régissant la canne blanche ait été adoptée en 1993, seule une faible proportion d’aveugles peut en utiliser, compte-tenu de son coût exorbitant qui n’est pas accessible à tous. Une canne blanche s’achète à 40 euros. Si certains se déplacent sans aucun objet de substitution, d’autres se servent de simple bâton.

Ma-LAZA : Outre ce difficile accès, quelles sont les autres difficultés rencontrées?
Josoa R. : L’utilisation de la canne blanche n’est pas toujours aisée compte tenu des infrastructures et de la situation qui prévaut dans le pays. Des regards, par exemple, ne sont pas couverts, pouvant causer des accidents à l’instar de ce qui est arrivé à un aveugle qui a eu des cotes cassées après avoir fait une chute dans ces excavations non recouvertes. Les marchands s’installant dans les rues peuvent également constituer un obstacle. Mais il faut savoir que certains individus ne respectent pas la canne blanche et écrasent carrément cet objet qui est pourtant d’une grande utilité pour les aveugles.

Ma-LAZA : Parlons de votre situation personnelle. A partir de quel âge a commencé votre cécité ?
Josoa R. : Je n’avais que 2 ans lorsque j’ai été affecté par un glaucome qui m’a rendu aveugle. Ma déficience visuelle est totale, je ne vois rien et je n’ai aucun souvenir de ce qu’est la vue. Nous avons bien évidemment tenté différentes actions pour que je puisse recouvrer la vue (…). L’avantage d’être aveugle depuis tout petit, c’est que l’on s’habitue dès le jeune âge. Ceux qui sont devenus aveugles plus tard ont beaucoup de mal à s’adapter et à se familiariser avec leur cécité.

Ma-LAZA : Vous occupez actuellement des postes de responsabilités au sein de plusieurs associations. Pouvez-vous nous faire part de votre parcours ?
Josoa R. : J’ai rejoins les bancs de l’école à 8 ans, et j’ai poursuivi mes études à l’Université ou j’ai décroché mon diplôme de maîtrise en économie. J’ai ensuite renforcé mes expériences et assister à de nombreuses formations tout en intégrant des associations de personnes en situation de handicap. Jusqu’ à ce jour, j’ai toujours travaillé au sein d’associations diverses. Je suis actuellement Secrétaire Exécutif de la Plateforme des Fédérations des Personnes Handicapées et à la fois président de l’ l’Union nationale des associations des handicapés de Madagascar (UNAHM).

Ma-LAZA : Qu’en est-il de votre vie privée si ce n’est pas trop indiscret…
Josoa R. : Mon défi a toujours été de vivre comme tout le monde. Je suis marié et père de deux enfants. Je fais en sorte de remplir mes obligations familiales, au niveau de la société et au niveau des associations des personnes en situation de handicap.

Ma-LAZA : Avez-vous un message à adresser à tous ceux qui sont en situation de handicap ?
Josoa R. : Il faut accepter cette situation de handicap qu’il s’agisse de cécité, de surdité, d’handicap physique… Il faut ensuite se demander ce dont je suis capable de faire et communiquer avec les associations regroupant les personnes en situation de handicap pour échanger les expériences et partager des conseils. Cela permet de remonter le moral. Un aveugle peut, par exemple, utiliser un ordinateur avec un lecteur d’écran… Il faut également changer la perception de ceux qui estiment que les personnes en situation de handicap sont des mendiants, ne peuvent rien faire, constituent un fardeau pour la société…

Propos recueillis par C.R

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