CNIDH : 5 plaintes par semaine pour violation des droits de l’homme

CNIDH : 5 plaintes par semaine pour violation des droits de l’homme

Les droits de l’homme ne sont toujours pas suffisamment vulgarisés à Madagascar, si bien qu’ils sont encore loin d’être respectés à 100%, en dépit des efforts concédés par les autorités compétentes et les organismes partenaires en la matière.

La Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) reçoit 5 plaintes pour violation des Droits de l’homme toutes les semaines. Selon la présidente de cette institution, Mireille Rabenoro, à l’issue d’une conférence de presse donnée hier à son siège, aux 67 Ha, les cas les plus fréquents concernent la persécution des défenseurs des droits des communautés. La présidente de la CNIDH de mettre en relief les cas de Vohilava (district de Mananjary, région Vatovavy Fitovinany), qui a vu Rajoany dit Raleva, condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis pour usurpation de titre. Or, rien dans son dossier, ni preuve matérielle, ni témoignage, ne justifie une quelconque condamnation. A Maroantsetra, Manenjika Christopher, professeur d’anglais de métier, a été détenu à la prison de la ville depuis le 15 mai dernier pour «rébellion», son seul tort étant d’avoir concurrencé le maire de cette localité dans le domaine du transport fluvial et maritime. La CNIDH estime qu’il s’agit là de deux exemples, mais les situations de violations des droits humains sont innombrables aujourd’hui à Madagascar, et peut-être même se multiplient et se diversifient.
Seule une infime fraction de la partie émergée de l’iceberg nous est connue, mais les profils des plaintes qui ont été soumises au niveau de cette institution lui a permis de dégager un schéma d’ensemble : à la source se trouve la recherche de profits personnels de la part d’individus ou de sociétés avides et sans scrupules, lesquels paient pour avoir l’appui de personnes investies à divers degrés de l’autorité publique. A leurs tours, ceux-ci s’assurent alors le concours d’autres fonctionnaires disposant de moyens d’intimidation : membres des forces de l’ordre sans scrupules qui ont recours à la force aux fins d’intimidations, voire même d’exécutions sommaires, magistrats qui brandissent la menace d’emprison- nement ou la mettent à exécution.
Une fois le propriétaire ou le détenteur de droits sur les biens convoités (terrain, zébus, filon d’or etc.) neutralisé ou carrément éliminé, il ne reste plus qu’à s’approprier de ses biens. C’est le même schéma qu’on retrouve à Andalatanosy (Ambovombe Androy), à Antsiranana II, ou à Andriamena (Ambatondrazaka).
Dans tout le pays, l’autorité de l’Etat est sapée par les pratiques corruptives à grande échelle, avec pour résultat l’appauvrissement sans fin des plus pauvres qui sont spoliés de leurs biens et de leurs moyens de subsistance.
En ce 70ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, de larges pans de la population se voient privés de leurs droits fondamentaux. La CNIDH d’en citer quelques-uns des plus basiques : – le «droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne» (article 3) ; – «Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi» (article 7) ; – «Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la Constitution ou par la loi» (article 8) ; – «Nul ne peut être arbitrairement arrêté ni détenu» (article 9) ; – «Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle» (article 10) ; – «Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie» (Article 11 1).
A la fin de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme se trouve un article qui résume tous ces droits : «Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social , un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet» (article 28).
En cette année électorale, la CNIDH souhaite que les électeurs aient la possibilité d’élire des dirigeants qui ont la volonté et la capacité de restaurer cet ordre qui permette au peuple malgache de jouir des droits et libertés qui lui sont aujourd’hui trop souvent refusés.

L.R

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