Coralie Gevers de la Banque Mondiale : “Nous donnons l’argent, vous décidez de son usage…”

Coralie Gevers de la Banque Mondiale : “Nous donnons l’argent, vous décidez de son usage…”

Madagascar est si pauvre que tout devient une priorité. Les bailleurs de fonds connaissent les problèmes et contribuent à les résoudre en financant le gouvernement. Ce qui ne signifie pas qu’ils s’ingèrent dans «nos» affaires»…

“Lorsqu’on a autant de priorités de développement comme c’est le cas de Madagascar, c’est dur de faire un choix”, de l’avis de Coralie Gevers, Country Manager de la Banque Mondiale. «Faire le choix d’un budget est extrêmement difficile surtout quand on a peu de ressources», a-t-elle indiqué en marge d’une cérémonie de signature de convention à Antaninarenina vendredi dernier. Et ce, en réaction à l’injection de 40 milliards d’Ariary que l’Etat a décidé d’octroyer à la JIRAMA pour réduire immédiatement les délestages.
Les choix sont essentiels, selon ses dires. «Faut-il payer les enseignants pour s’assurer de la rentrée scolaire pour que tous les enfants tant de la capitale, de Farafangana, de Mahajanga…ou de la brousse aient un enseignant, ou est-ce qu’on sert 14% de la population à Tana qui aura l’électricité ?…». Toutefois selon ses dires, ce n’est pas à la Banque Mondiale ni au Fonds Monétaire International, ni non plus aux autres bailleurs de fonds de dire ce qu’il faut faire. «C’est à vous de décider».
La JIRAMA pompe 100 millions de transfert par an et c’est l’argent du contribuable malgache et de la Communauté internationale également. «Vous faites un choix difficile, tout le monde à besoin d’électricité, moi de même, mais il faut savoir que c’est aux dépens d’autres services et d’autres besoins», a indiqué Coralie Gevers de la Banque Mondiale. Le pays a, en outre, besoin de réhabilitation d’infrastrutures, de routes. Les paysans aimeraient bien envoyer leur riz sur le marché, mais ils ne peuvent pas parce que la route n’est pas très bien entretenue, selon ses dires.
Actuellement, les dépenses en investissement dans les infrastructures ne dépassent pas les 2% du PIB. Ce qui est extrêmement faible. Il n’y a aucun pays qui peut se développer avec 2% du PIB dépensés dans des investissements en infrastructures publiques. De l’avis de la Country Manager de la Banque Mondiale, on a la chance d’avoir un Ministère qui a pris l’engagement et qui le réalise, d’augmenter les dépenses sociales et d’infrastruture, la chance d’avoir un Ministère des Finances qui fait ses choix et qui privilégie les services de base au profit du plus grand nombre de Malgaches plutôt que de privilégier une minorité à Antananarivo.

C.R

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