Jean Louis Andriamifidy : La volonté est indispensable à la lutte contre la corruption

«Si avant la crise de 2009, l’indice de perception de la corruption (IPC) à Madagascar était de 32%, elle est descendue à 28% au lendemain de la crise et se situait à 24% en 2017. Le défi est de pouvoir atteindre 50% à l’horizon 2025», avance Jean Louis Andriamifidy, Directeur Général du Bianco. Pour endiguer le fléau de la corruption, il importe d’avoir la volonté de mener cette lutte pour ne pas annihiler les efforts entrepris a-t-il réitéré hier au cours d’une cérémonie qui s’est tenue à Ampandrianomby.
Nul besoin de rappeler que si l’indice de perception de la corruption a reculé en 2017, c’est parce que cette année a été marquée par des scandales financiers portés au grand jour par la société civile, y compris la presse. La corruption est généralement un fait opaque, caché, mais l’enquête menée par le Bianco a permis de confirmer de nombreux cas de suspicion. Une réelle volonté politique est ainsi requise pour inverser la tendance en matière d’indice de perception de la perception.
Les structures de lutte contre la corruption ne peuvent être efficaces si les hommes qui la composent ne sont pas déterminés à s’engager. Le Directeur Général du Bianco a souligné au passage que la mise en place du Pôle Anti-Corruption n’était pas indispensable, la chaîne pénale ayant pu effectuer les missions incombant à cette entité, mais des failles ont été observées.
Force est de constater qu’une certaine lenteur est observée dans la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la corruption. Le numéro un du Bianco déplore le fait que la loi sur le recouvrement des avoirs n’ait toujours pas été adoptée par le parlement, tout comme la loi sur le blanchiment des capitaux. Une fois que cette loi sur le recouvrement sera en vigueur, une agence de recouvrement des avoirs illicites devrait être mise en place pour gérer les biens saisis. Il a pris comme exemple le cas d’une voiture de luxe saisie depuis deux ans et qui perd de sa valeur au fil du temps. Par ailleurs, de nombreux décrets d’application n’ont toujours pas été publiés, rendant ainsi boiteux l’arsenal juridique.
Le DG du Bianco a également touché un mot sur les concours administratifs. «Ce n’est pas les candidats que nous observons de près, ce sont les membres du jury». Si les membres du jury effectuent leur travail comme il se doit et sans céder aux pressions, les concours seront crédibles.
La volonté ne doit pas seulement venir du Bianco ou des dirigeants politiques, elle doit se refléter au niveau de chaque secteur et chaque poste de responsabilité pour lutter efficacement contre la corruption et faire en sorte que l’atteinte de l’IPC à 50% ne soit pas une utopie.

C.R

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