Point de vue : A qui profite la dépréciation ?

L’Ariary a perdu plus de 10% de sa valeur face à l’Euro depuis le 23 mars 2020, entrée de Madagascar dans une situation d’exception qu’est l’Etat d’Urgence Sanitaire. Aujourd’hui, l’Euro s’achète à 4.500 Ariary contre 4.012 Ariary à fin mars. En revanche, la monnaie malgache résiste au dollar américain qui s’achète actuellement à 3.849 Ariary contre 3.751 Ariary au mois de Mars de cette année.
Y a-t-il une politique de dépréciation de l’Ariary derrière cette perte de valeur ? C’est une politique qui se pratique facilement dans un système monétaire de flottement. En effet, pour donner une bouffée d’oxygène à l’exportation, la manipulation du taux de change est recommandée. Ceci afin de permettre aux exportateurs du pays de valoriser davantage le prix de leurs produits. Il faut admettre que ce ne sont pas les exportations de vanille qui vont renflouer les réserves de devises du pays.
Mais dans le cas de Madagascar, est-ce réellement la situation ? Rappelons que les bailleurs internationaux ont injecté des fonds destinés à équilibrer le taux des changes de Madagascar à travers des appuis budgétaires et des aides à la balance de paiement. Ce qui signifie que la monnaie malgache ne devrait pas pour autant faire l’objet de fluctuation importante à la baisse, tel qu’on la connait aujourd’hui. C’est un signal fort qui traduit une fuite importante de devises. On peut estimer dès lors qu’on a importé plus qu’on a exporté. Ceci dit, on a bien laissé le champ libre à l’importation. Dans le cas où aucune intervention de la Banque Centrale n’est engagée pour limiter cette dévaluation, une inflation incontrôlée s’avère incontournable au terme de cette crise sanitaire qui secoue notre pays.
Ce glissement de l’Ariary inquiète le secteur financier. Certes, des banquiers enregistreront des résultats conséquents positifs en matière d’opérations de devises, mais le citoyen lambda ne sera en aucun cas bénéficiaire d’une telle situation. Le glissement de la monnaie nationale engendrera certainement une hausse réelle des prix à la consommation des produits de première nécessité allant du carburant, aux médicaments en passant par le sucre et le riz importés. Quoi qu’il en soit, les dirigeants doivent être beaucoup plus explicites sur les raisons de cette fluctuation susceptible de s’amplifier avec la double crise économique et sanitaire .

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