Point de vue : Assez de politique politicienne !

«La vie est un éternel recommencement» dit-on. A Madagascar, la provocation est devenue monnaie courante entre les politiques. Le ton est même monté d’un cran ses derniers temps lorsque l’opposition a programmé de descendre dans la rue. En retour, le Chef du gouvernement a lancé une sévère mise en garde contre d’éventuels fauteurs de troubles. Chaque camp est déterminé.
Dans cette éternelle querelle, tous les coups sont permis. L’affaire des 73 kg d’or, le prix du riz, les prix exorbitants de l’eau et de l’électricité ainsi que la qualité de service de la Jirama, l’explosion du chômage… , l’opposition se nourrit de toutes les tensions pour allumer le feu et tente de créer un climat délétère. De son côté, les tenants du pouvoir entendent réprimer tout acte de déstabilisation susceptible de compromettre la mise en œuvre de son programme « Velirano ».
La tension est palpable d’autant plus que le mois de février nous rappelle les événements sombres de 2009. S’acheminerait-t-on vers une nouvelle crise politique ? Il y a ce vieux dicton malgache qui dit « Aza homehy lavo, fa ny tody tsy misy, fa ny atao no miverina », littéralement « Ne vous moquez pas de celui qui tombe, car même s’il ne se venge pas, Dieu le vengera et le mal que vous aurez fait, retombera sur vous ». L’on n’apprend donc jamais du passé ? Des crises politiques, les malgaches en ont vécu maintes fois. Ils en ont assez. Est-il nécessaire de rappeler que la situation économique de Madagascar est tristement liée aux crises politiques incessantes de ces dernières décennies.
Si le FMI et la Banque mondiale avaient prédit une croissance économique moyenne de 5% par an, aujourd’hui, on peine à atteindre les défis fixés par les Objectifs du millénaire. Les conversations qu’on entend ici et là montrent combien la politique préoccupe les Malgaches. « Il y a trop d’égos chez les politiciens. Les ambitions politiques sont trop souvent liées aux intérêts personnels. A chaque crise, les politiques ont cette mauvaise manie d’instrumentaliser la population alors que les véritables aspirations sont vite oubliées dès la formation d’un nouveau régime » déplore un marchand à la sauvette opérant du côté d’Isotry. Il est clair qu’entre trouver le pain quotidien et s’appuyer sur les politiques et leurs belles promesses, le choix est vite fait. Le faible taux de participation aux dernières législatives, avec ses 31%, témoigne de cette situation.
A cause des crises cycliques, Madagascar détient le triste record d’un des pays le plus pauvre du monde : 92% des malgaches vivent aujourd’hui avec moins de 2 dollars par jour. A-t-on vraiment besoin d’une nouvelle crise ? Que l’on ne se trompe pas d’ennemi. L’ennemi à abattre, c’est la pauvreté. « Atsipy ny tady eny an-tandroky ny omby, atsipy ny teny any am-pon’ ny manam-panahy » (Paroles jetées à ceux qui peuvent réfléchir; l’homme sensé s’en saisit).

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