Point de vue : Ca s’aggrave

Ca s’aggrave

Mananjary est en ébullition. La population a osé franchir le Rubicon en s’attaquant au camp de la Gendarmerie locale. Bilan des affrontements : 6 morts du côté des manifestants et 3 blessés du côté des gendarmes, obligés, selon leur commandant, d’ouvrir le feu pour protéger cette zone rouge, des maisons incendiées et un local appartenant à un particulier en partie détruit.
Ce n’est pas la première fois que les gens s’en prennent aux forces de l’ordre. Faut-il  rappeler qu’à Mananara, dans l’Est de la Grande Île, les policiers de la ville n’ont pu rien faire quand la population a réussi à extirper du commissariat local des présumés assassins d’un riche opérateur local, ou encore, il y a quelques années, à Nosy Be, ces mêmes gardiens de la paix ont assisté bien malgré eux au lynchage de deux ressortissants étrangers accusés de trafic d’organes.
Pour les uns, ces attaques ne sont que le signe de la baisse de confiance de la population à l’égard de  ceux qui sont sensés représenter  la  loi, et, par extension, la Justice et l’Etat. Pour d’autres, il faut toujours voir des politiciens derrière ces manifestations, lesquels  profitent de la colère de la foule pour en tirer un profit quelconque, mais toujours en défaveur de l’Etat.
L’Etat qui a de plus en plus de mal à éteindre tous ces foyers de contestation qui se font jour au plus mauvais moment. Le pays vient de sortir d’une crise qui a duré 5 longues années et n’est même pas encore au début du redressement  que ses dirigeants ont  promis. Syndicats, partis politiques de grande ou de moyenne envergure, pour différentes raisons, las d’attendre, ont décidé d’enclencher la vitesse supérieure en mettant le gouvernement sous pression. Pour les observateurs, les prochaines élections municipales et communales peuvent en être la raison. Ces élections sont une autre façon de s’emparer du pouvoir, et il est de bonne guerre que chaque candidat prépare le terrain pour en sortir victorieux. La CUA, qui a vu son nouveau statut adopté au niveau de l’Assemblée nationale, sera lepoint focal de ces élections prévues le 17 juillet prochain. Car le futur maire de la capitale pourrait être…  le  futur président de la République.
Ce qui s’est passé à Mananjary pourrait se renouveler dans une autre contrée. Pas plus tard que mardi, à Fenomanana, sur la route de la Primature, les gens sont descendus dans la rue en bloquant la circulation. Motif : ils n’ont pas eu l’électricité durant tois jours. Résultat : la Jirama s’est empressée de la rétablir et tout est rentré dans l’ordre. Mais ça aurait pu tourner au vinaigre…

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