Point de vue : Et vous les écoutez quand même

 Et vous les écoutez quand même

Une première grande délégation est arrivée depuis samedi à Antananarivo. Il s’agit de celle du Roi du Maroc Mohammed VI avec pas moins de 300 personnes et 7 avions. Ce n’est pas tout, d’autres arriveront encore ce jour et avant le sommet proprement dit, le 26 novembre prochain. Juste pour mesurer l’intérêt qu’accorde le royaume chérifien au sommet de la Francophonie malgré le fait que Sa Majesté le Roi du Maroc ait d’autres objectifs en venant à Madagascar. En effet, son grand-père, le Roi Mohammed V avait été éxilé à Madagascar sous la colonisation, plus précisemment à Antsirabe. Pour rendre hommage à cette ville, le Roi a décidé d’y construire plusieurs édifices qu’Il va inaugurer au cours de sa visite officielle.
Madagascar recevra pas moins de 40 chefs d’Etat, plusieurs Premiers ministres et des ministres. Selon un décompte qui n’est pas encore clos, tous les pays membres de la Francophonie, soit pas moins de 80 délégations officielles, arriveront à Madagascar. Pas moins de 5000 personnes qui dormiront dans nos hôtels, mangeront dans nos restaurants et, si elles auront le temps, achéteront des produits Madein Madagascar auprès des stands du Village de la Francophonie ou dans les marchés de la capitale.
Ce qui est sûr, c’est qu’ils emporteront des devises qu’ils doivent échanger en Ariary dès leur arrivée à Ivato. C’est de l’argent sûr, qui ne vient pas des trafics de bois de rose ou d’autres ressources naturelles malgaches, c’est de l’argent qui gonfleront les poches de ceux qui ont investi et qui ont cru jusqu’au bout que le Sommet aura lieu à Madagascar et non en Suisse ou au Canada.
Dommage pour ceux qui, par intérêt ou par ignorance, ont voulu que le Sommet n’ait pas lieu au pays. Et qui ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour le dénigrer.  Et dommage aussi pour ceux qui les ont écoutés et qui s’en mordront les doigts pour ne pas avoir su en tirer profit. Et en parlant de profit, nous avons l’habitude de ne compter que l’argent. Ces espèces sonnantes et trébuchantes  auxquelles nous accordons tellement d’importance. Il est vrai que tout s’achète. Mais il y a aussi d’autres avantages à accueillir un événement d’une telle envergure.
Car si nous y avions mis un peu du notre, ces visiteurs là auront peut-être envie de retourner à Madagascar en tant que touristes. Ils parleront  d’un pays propre, accueillant, beau et magnifique. Au contraire, certains veulent que c’est l’occasion ou jamais de montrer notre misère, notre déchéance. Nous n’avons même plus cette fierté de réagir face à notre  condition. Et de mettre sur le compte des dirigeants nos incivilités, nos mentalités d’éternels assistés et notre paresse. Nous avons en nous la culture de la médiocrité et, hélas, nous nous y complaisons.
Faut-il s’attendre à des miracles quand le Sommet se terminera ? Bien sûr que non. Il y aura des résolutions, des élections de ceci ou de cela, mais rien en ce qui concerne la pauvreté des Malgaches. Il aurait fallu agir dans le bon sens avant et non de diaboliser le sommet. En fait, ceux qui ont dit du mal de cet événement, qu’est ce qu’ils ont à nous proposer en échange ? Rien que du vent. Et vous les écoutez quand même.

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