Point de vue : Michaëlle Jean risque d’être déçue

Michaëlle Jean risque d’être déçue
Saura-t-on jamais les mains qui ont lancé l’engin explosif qui a blessé 2 personnes à l’Hôtel A&C Ivato dans la soirée de mardi ? Certes, une enquête a été ouverte et des indices ont été relevés sur les lieux, mais cela reste dans la confidentialité des enquêteurs et, comme d’habitude, les journalistes comme le commun des citoyens ne seront informés officiellement de ce qu’il s’était passé. Même si Michaëlle Jean, la Secrétaire générale de l’OIF, arrivée à Madagascar le jour de l’incident, a affirmé qu’une enquête «sérieuse» est nécessaire.
Cela nous rappelle un poëme de Rado, énumérant les grands événements survenus à Madagascar pour lesquels la réponse des autorités compétentes reste toujours «l’enquête se poursuit». Ainsi, pour l’assassinat du Colonel Ratsimandrava, les tragiques accidents d’hélicoptère ou d’avion dans lesquels le Colonel Joel Rakotomalala, premier ministre, ou le Général Sibon Guy et tous les membres d’équipage ont perdu leur vie, le massacre du 10 août 1991, les exécutions sommaires en 2001-2002, le lundi noir durant lequel Marc Ravalomanana a perdu tous ses biens, le «samedi rouge» à Ambohitsorohitra, le 7 février 2009, où une trentaine de personnes ont trouvé la mort, les victimes des manifestations pro-Ravalomanana à Mahamasina et Ambohijatovo, celles des attentats d’Anosy en janvier 2014 et en juin dernier au stade de Mahamasina – la liste est longue et non exhaustive-, tiens ! j’allais oublier l’incendie du Rova et celui du Palais d’Andafiavaratra… des enquêtes ont été ouvertes, mais aucune n’a abouti. Du moins jusqu’au moment où j’écris ce point de vue.
Sous la transition, un Général était devenu célèbre pour les multiples bombes artisanales trouvées ici et là, qui ont explosé ou non, et pour lesquelles il se vantait de connaître les fabricants sans pour autant les nommer et encore moins les arrêter. Le comble, un des fabricants de ces engins mortels était mort à Ambondrona quand la bombe qu’il confectionnait lui a explosé entre les mains, mais l’enquête, encore une fois, n’a rien donné… officiellement.
Ou les responsables des enquêtes sont contraints de dissimuler le peu qu’ils savaient ou les enquêtes n’étaient que de facade, juste pour calmer les esprits. La première question à laquelle devait répondre tout enquêteur digne de ce nom est «à qui profite le crime» ? A quelques jours du sommet de la Francophonie, on serait tenté de répondre que l’attentat perpétré à l’Hôtel A&C Ivato viserait à saper cet événement international qui ne manque pas de détracteurs. Mais ce serait bien trop simple. Michaëlle Jean risque d’être déçue…

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